Les taux d’électricité menace la compétitivité et la viabilité de l’industrie forestière

Suite à des rumeurs d’une hausse importante des taux d’électricité lors de la prochaine année, le secteur manufacturier du Nouveau-Brunswick demande au gouvernement d’élaborer un plan à long terme pour traiter la dette d’Énergie Nouveau-Brunswick et d’assurer des coûts d’énergie plus constants pour le futur. « Un approvisionnement d’électricité fiable et rentable est essentiel à notre compétitivité, » indique le président du comité d’énergie des Manufacturiers et exportateurs du Canada (MEC), Monsieur Andrew Booker. « Il est important pour nous d’avoir une idée précise de nos coûts pour le futur afin que nous puissions développer des stratégies d’investissements dans nos opérations et soutenir l’économie du Nouveau-Brunswick. »

Le MEC est la voix du secteur manufacturier du pays depuis 1871. Les membres se composent largement de PME, mais incluent aussi plusieurs des plus grandes compagnies au Canada. Ces compagnies produisent approximativement 75 % de la production manufacturière et 90% des exportations. Au Nouveau-Brunswick, ce secteur embauche un huitième de la main-d’oeuvre du Nouveau-Brunswick et plusieurs autres emplois pourvoient les manufacturiers en fournitures et en services. L’industrie manufacturière est vraiment la force motrice de l’économie.

L’Association des produits forestiers du Nouveau-Brunswick (APFNB) est un organisme sans but lucratif qui représente ses membres de l’industrie forestière et procure une voix commune pour défendre les intérêts de l’industrie auprès du gouvernement et pour éduquer le public sur la gestion forestière durable au Nouveau-Brunswick. L’APFNB est composé de plus de 50 membres, incluant des papetières, des scieries, des consultants, des entrepreneurs, des distributeurs, des institutions et des individus.

De façon générale, l’électricité constitue environ 10 % des frais d’exploitation des manufacturiers. Le montant est encore plus élevé pour des opérations du secteur primaire. De plus, l’économie du Nouveau-Brunswick est fortement dépendante sur l’exploitation et la transformation des ressources naturelles. Ainsi, les compagnies de pâte et papier et les scieries sont parmi les plus grands clients fiables de la province d’Énergie N.-B. De ce fait, la viabilité des manufacturiers et d’Énergie N.-B. est liée. Conséquemment, il est important d’assurer que les taux d’électricité reflètent cette réalité et contribuent à l’économie et au maintien du standard de vie des Néo-Brunswickois.

Une hausse des taux d’électricité est très inquiétante pour les secteurs qui souffrent de la présente conjoncture économique mondiale. « Présentement, nos membres font face à des défis sans précédent, » indique le président et DG de l’APFNB, monsieur Mark Arsenault. « La valeur élevée du dollar, le ralentissement du marché de construction aux États-Unis et les coûts élevés en énergie contribuent à un climat d’affaires difficile et mettent aux défis la survie à long terme de l’industrie. »
Le dossier de l’énergie est un élément clé dans le plan du gouvernement pour la restructuration de la province. En plus, le Groupe de travail sur l’autosuffisance a identifié cinq projets en énergie qui sont en cours ou qui ont été proposés, qui pourraient produire beaucoup de richesse et des emplois d’ici la prochaine décennie. En effet, il y a une occasion pour la province d’obtenir un rôle important en tant que fournisseur d’énergie pour la région et le monde. Cependant, il est essentiel qu’une source d’énergie fiable et abordable soit aussi disponible aux gens du Nouveau-Brunswick.

On argumente souvent que les taux d’énergie au Nouveau-Brunswick se comparent favorablement avec la majorité des autres régions environnantes. Cependant, l’augmentation rapide des taux est très problématique. En fait, depuis 1990, les taux ont augmenté en moyenne par plus de 60 %. De plus, nos manufacturiers opèrent dans des marchés globaux et plusieurs compétiteurs profitent de coûts d’électricité moins élevés. Certaines juridictions ont également d’autres avantages tels que des coûts de main-d’oeuvre moins élevés. Et finalement, l’augmentation dramatique de la valeur du dollar a intensifié la pression sur les exportateurs. C’est la raison pour laquelle les manufacturiers ont besoin de temps pour s’adapter et s’ajuster à ces nouveaux défis.

Il a été suggéré que la cause principale de la dette élevée d’Énergie N.-B. est due au fait que la société ne charge pas assez pour l’électricité qu’elle génère. Cette argumentation est trompeuse et offre une vision limitée pour les solutions possibles. En réalité, l’industrie a démontré une préoccupation concernant la dette des services d’utilité public, il y a plus d’une décennie. En fait, la dette d’Énergie N.-B. a largement été accumulée avant que le plafond de 3% ait été appliqué dans les années 1990. Aussi, certaines décisions prises dans les dernières années ont aggravé les défis financiers de la société.

La solution simple pour Énergie N.-B. est d’augmenter les taux. L’application de cette solution simpliste peut créer un cycle vicieux qui entraînera une diminution des investissements d’affaires et par conséquent, des plus petits revenus pour Énergie N.-B. Pour que le service d’utilité public améliore sa situation financière, elle doit mettre de l’avant une stratégie qui améliorera son efficacité à l’interne. L’industrie fait face à des défis similaires en réactions des coûts et à la compétition globale. « Aucun manufacturier n’a le luxe d’augmenter le prix de leurs produits pour compenser les coûts plus élevés » dit le Vice-président de MEC, Divisions N.-B. et IPE. « Des opérations efficientes, une productivité plus élevée et des innovations dans les procédés et les produits sont les solutions nécessaires pour survivre dans l’économie mondiale d’aujourd’hui. »

Il a aussi été suggéré que le gouvernement ne devrait pas offrir d’aide avec les coûts d’énergie, mais devrait plutôt mettre des efforts sur la conservation. Il va sans dire que l’efficacité et la conservation d’énergie joueront des rôles majeurs dans la gestion de l’offre et la demande ainsi que les coûts d’énergie à long terme. En fait, les manufacturiers ont amélioré leur conservation d’énergie d’environ 1 % par année durant les deux dernières décennies. Le MEC a entrepris un nombre d’initiatives en efficacité d’énergie depuis plusieurs années et continuera à travailler avec ces membres pour identifier et entreprendre des mesures afin d’améliorer la gestion d’énergie et la productivité.

En affaire, il est logique de conserver de l’énergie. Cependant, ce n’est pas la seule solution à l’énigme de l’augmentation des taux. L’accroissement des coûts peut éliminer tous les gains acquis en conservation. Des primes d’encouragement peuvent être offertes afin d’investir dans des projets pour améliorer l’efficacité énergétique. Cependant à cause de l’environnement économique, les conditions des marchés et l’ampleur des investissements requis pour de tels projets, peu d’industrie supportera ces initiatives avec des taux d’énergie à la hausse.

Lors d’un discours public, le gouvernement a indiqué qu’il veut qu’Énergie N.-B. opère en tant qu’entreprise et qu’il atteigne au moins le seuil de rentabilité cette année. Ceci indique que la société devrait opérer comme elle le ferait dans un marché compétitif. Dans ce scénario, les consommateurs obtiendraient une source fiable d’électricité au meilleur prix possible. Même si des efforts ont été faits pour promouvoir la compétition, la réalité est différente. Notre marché en électricité reste essentiellement un monopole. Il n’y a aucune compétition pour assurer qu’Énergie N.-B. opère de façon efficace et qu’elle offre le meilleur prix possible.

Le MEC et l’APFNB ont présenté leurs points de vue auprès du gouvernement et de l’organisme de régulation en préconisant une approche de gestion qui traiterait les défis de la société et de ses propriétaires. Cette approche n’a pas pour but d’ignorer les responsabilités d’endettement d’Énergie N.-B., mais plutôt de reconnaître la réalité.

En fait, cette situation n’est pas arrivée du jour au lendemain et il n’y a pas de solutions faciles. De plus, il est essentiel que la structure de la société et des marchés d’électricité soit transparente et n’impose pas de coûts additionnels pour elle-même et ses clients sans offrir une valeur ajoutée. La présente structure d’Énergie N.-B. en est une pour un marché compétitif d’électricité. Par contre, il n’y aura aucune compétition pour la vente d’énergie au Nouveau-Brunswick pour très longtemps encore. C’est pourquoi qu’il est important de repenser les règlements d’Énergie N.-B. et son modèle d’affaires.

Ceci ne veut pas dire que le gouvernement doit attendre avant d’agir. Il y a un besoin pressant de traiter la dette des services d’utilité publique et particulièrement avec la remise à neuf de Pointe Lepreau. Les taux devraient être fixés pour payer la dette sur une plus grande période de temps. En fait, empêcher une augmentation rapide des taux doit être considéré pour le bien du public. Il n’y a aucun sens d’augmenter les taux au point où les clients ne peuvent pas payer.

Pendant les audiences publiques, Énergie N.-B. a dit qu’une augmentation annuelle de 3% sur une décennie ramènerait la dette à un niveau viable. L’augmentation des prix de pétrole a bouleversé cette stratégie. Il y a beaucoup de valeur à fournir un niveau de certitude et de stabilité dans les prix d’électricité. C’est pourquoi, Énergie N.-B. devrait rédiger et publier un mode de paiement de la dette et inclure une prévision des taux démontrant des augmentations raisonnables.

La fermeture éminente de Pointe Lepreau ajoute de l’incertitude concernant l’approvisionnement en électricité. Une telle incertitude peut, encore une fois, empêcher les investissements dans la province. Le service d’utilité publique dit avoir entrepris un exercice de planification pour assurer une capacité suffisante en énergie pour cette période. Néanmoins, il serait réconfortant qu’Énergie N.-B. publie un plan à plus long terme démontrant ses capacités de production et d’approvisionnement d’énergie.

Puisque qu’Énergie N.-B. détient un monopole sur le marché néo-brunswickois, il est très important que ce service d’utilité publique soit géré aussi efficacement que possible afin d’offrir les meilleurs taux d’électricité. De ce fait, une vérification règlementaire est essentielle afin d’éliminer les inefficacités.

Dans la conception du plan du marché d’électricité et dans la rédaction de la loi sur l’électricité, il était envisagé que le Conseil d’énergie et de commodités ait un rôle important dans le contrôle du marché de l’électricité et dans la surveillance des participants du marché. Par l’entremise des audiences publiques, il est devenu clair que l’organisme de régulation ne remplit pas son rôle. En effet, il a eu un manque d’examen des coûts tel qu’exigé par la loi et ce fut un point majeur de controverse lors des audiences. Vu qu’Énergie N.-B. a le monopole dans le marché néo-brunswickois, toutes les sociétés, incluant Genco, devraient être sujettes à des vérifications règlementaires.

L’audience publique n’avait pas le mandat de réviser les données de productions d’énergie. Cependant, les experts du MEC on a appliqué une formule d’attribution des coûts de la dernière audience en 1991-92. Selon les analyses, on estime que l’énergie représente des coûts tout à fait inacceptables. Afin de progresser, il est fondamental que les clients aient une idée claire de la provenance de ces coûts. C’est pourquoi qu’une révision des coûts des services d’utilité publique devrait être entreprise. Cette révision doit inclure une analyse détaillée du ratio coût vs. revenu pour les différentes classes de clients.

L’énergie joue un rôle intégral dans le développement du Nouveau-Brunswick. C’est un élément essentiel du climat d’affaire dans la province. Proportionnellement, le Nouveau-Brunswick est une des provinces les plus industrialisées au Canada. Le futur de l’industrie, d’Énergie N.-B. et des Néo-Brunswickois dépend sur une source fiable d’énergie au meilleur prix possible.